J'ai la chance de vivre quelques années en Polynésie. J'expérimente donc la pratique de l'Informatique et Télécommunications dans les Outre-mer et dresse un état des lieux sur quelques points spécifiques.
Fragilité des liaisons par câbleIllustrée lors d'un séisme sur les Tonga qui a privé l'archipel de télécommunications, cette fragilité est de nouveau apparue pour la Polynésie même si les pertes de performances de liaison ne sont pas sensibles pour les internautes.Ce type de situation favorise l'émergence de ce que je nomme la 6G nouvelle génération de télécommunications avec un exemple de pression commerciale exercée par Starlink à Wallis et Futuna.
Incitations à la vidéo en ligneConcernant la télévision, les horaires décalés incitent à avoir un recours plus massif à la vidéo en ligne (streaming) avec les impacts environnementaux catastrophiques déjà recensés par rapport à la télédiffusion.La seule interactivité de ce mode de communication réside uniquement dans le choix du moment où le consommateur regarde le programme, est ce qui fait l'attrait de cette solution technique. Quelques programmes sont disponibles en langue régionale diffusés sur les chaînes de télévision locales. Ces chaînes sont financées par la publicité qui envahit l'écran au point où le téléspectateur a l'impression de regarder 10 minutes de publicité en 5 minutes de diffusion, sentiment renforcé par le faible nombre d'annonceurs qui conduit à une répétition perpétuelle des mêmes messages publicitaires. Civilisation de l'oralLes peuples indigènes qui ont souvent fait un bond technologique hyper rapide en très peu de temps ont une tradition de communication orale (pas d'écrits) qui se traduit par un recours naturel vers le téléphone mobile utilisé malheureusement pour la planète en mode vidéo. Les distances, l'éloignement d'un territoire insulaire, la mobilité inter-îles incitent aussi à communiquer par téléphonie mobile et sur les réseaux sociaux pour garder le contact avec ses proches.Les messages textuels sont moins utilisés du fait de l'absence de cette tradition épistolaire... A titre d'exemple, aux Marquises il n'y a pas de journal distribué même ceux publiés à Tahiti, la distance complique l'acheminement et nuit à la fraîcheur de l'information. Les réseaux téléphoniques et sociaux favorisent la diffusion de l'information en mode radio cocotier. Le financement réduit de la radio officielle des Marquises a restreint la diffusion aux îles du Nord de l'archipel, ce qui oblige à se connecter sur le site internet pour recevoir cette radio dans le sud de l'archipel. Notre contributionNous avons résisté à l'usage débridé des réseaux sociaux, nous contentant d'installer l'application WhatsApp pour communiquer exclusivement par liaison y compris avec achat d'une carte prépayée d'usage des points d'accès de l'opérateur local.Nous avons reçu par ce moyen de communication quelques 2000 photos soit 500 par an avec une importance donc non négligeable de la taille (en Mo) de ces images. Nous avons ainsi réussi à canaliser nos contacts et inculquer les bonnes pratiques en évitant de recevoir des partages de vidéos judicieusement remplacés par des partages de liens vers ces mêmes vidéos. Nous avons fait un usage intensif du logiciel de réduction des photos avant leur transmission à travers l'application (même si elle semble opérer une réduction systèmatique avant transmission) comme sur leur publication sur le blog. Par contre, nous avons découvert l'horreur de photos transmises qui occupaient plus 10 mégaoctets chacune, photos en haute définition certes mais qui ne doivent pas circuler sur le réseau sans conscience de l'impact. Une petite leçon amicale a contribué à la prise de conscience conduisant à l'échange par des clés USB. Sur Whatsapp, nous avons remplacé l'usage de la fonctionnalité d'envoi d'une appréciation iconique style coeur, pouce par une réponse explicite avec commentaire donnant ainsi de la valeur ajoutée à cette appréciation. Nécessitant plus de temps et d'attention, cela incite à moduler le recours à cette pratique et éviter le petit clic fatidique (la responsabilité est à attribuer aux développeur et plus concepteur de l'application d'offrir cette fonction qui ne servira qu'à flatter l'égo avec trop de facilité). Webinaire sur l'effet papillon d'un petit clicA ce sujet, j'ai adapté la conférence gesticulée plan V illustrant les bonnes pratiques du monde velogiste en mettant l'accent sur les effets de l'usage intensif des réseaux sociaux et les conséquences d'un petit clic sous forme de webinaire dont la transcription textuelle est accessible par ce lien. J'y ai intégré un peu de langage, d'humour et de mode de vie typiquement marquisien.Avenir du numérique en PolynésieL'IT est un axe de développement que souhaite développer la Polynésie d'autant plus que le nouveau président est issu de la filière de formation d'ingénieur IT.Je partage donc avec lui des valeurs et des méthodes que l'on retrouve dans sa manière de gouverner et de gérer les problèmes. La Direction Générale de l'Économie Numérique propose des aides dont a bénéficié la société qui produit un magazine quotidien diffusé sur la chaîne Polynésie première avec un personnage virtuel qui illustre l'influence du calendrier traditionnel sur la pêche, les plantations...
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