Considérations sur l'IT dans l'espace et l'internet satellitaire

créé le 28/01/2021 mis à jour le 28/07/2023
Tout commence par une annonce anodine ou pas ? Les restes d'une fusée SpaceX vont s'écraser sur la Lune le 4 mars 2022
Sources : AFP France Info, article courrier international
Dans la dépêche de l'AFP et les articles, on apprend incidemment que : sa tâche a pris fin et il a été abandonné [...] Depuis, le propulseur suit une orbite chaotique. Il est désormais sur une trajectoire qui le conduit directement vers la Lune.
Finalement, l'identification des débris s'oriente vers un lanceur d'origine chinoise. Mais sur son site, Bill Gray s'étonne que SpaceX n'ait pas contesté ses déclarations, tout simplement car SpaceX est incapable de dire où sont les restes du lanceur Falcon suspecté !
Autre nouvelle inquiétante : les 40 satellites nouveaux détruits par une tempête solaire pourtant connue de SpaceX... Quel manque de sérieux pour Starlink !
Un nouvel impact environnemental mis au jour même s'il touche au monde extra-terrestre : les déchets spatiaux.

Le documentaire Alerte aux débris spatiaux nous en apprend plus.
Des déchets sont radioactifs (réacteurs nucléaires de propulsion, combustible) et sont retombés sur Terre (combustible dans l'hémisphère Nord, fragments au Canada)...et désormais des fusées à propulsion nucléaire !
Les débris ne sont pas toujours totalement désintégrés lors de leur entrée dans l'atmosphère et tombe sur Terre, de préférence dans les océans (Pacifique Sud si possible) mais une partie d'un Falcon de SpaceX a heurté l'île de Java en 2016.
La perte de contrôle de satellite est fréquente, une des plus inquiétantes concerne Envisat de l'agence spatiale européenne de la taille d'un autobus et d'une masse de 8 tonnes.
Les collisions dans les orbites basses risquent fort de s'intensifier, selon le Syndrome de Kessler par le phénomène de collision en chaîne et la multiplication des objets mis en orbite dont les constellations pour l'internet satellitaire.

Est-ce dommage de condamner l'aérospatial dans son ensemble ? Celui-ci possède aussi le grand mérite d'accroître nos connaissances et de nous émerveiller sans cesse face à la splendeur de l'univers qui nous entoure. La surveillance globale des fontes de glace (montagne, pôles) se fait depuis l'espace. La mesure de l'évolution de la banquise du pôle nord été après été se fait depuis l'espace. Beaucoup de mesures de l'évolution globale de l'océan se font depuis l'espace.
L'expression conquête spatiale (si grotesque lorsqu'on y pense) est quelque peu tombée en désuétude. On parle davantage d'exploration, ce qui traduit mieux notre rapport actuel à l'espace. On est redescendu sur Terre si j'ose dire. Même si je ne suis pas contre l'aventure spatiale, aujourd'hui cela fait moins rêver et j'essaie de "garder les pieds sur Terre". Ce qui pose le plus question pour moi ce sont donc :

Tourisme spatial

Sacrifice de la Terre pour le plaisir touristique de quelques uns, Ivan Illich traitait déjà de ce sujet en 1973.
En achetant les consciences par l'invitation de Monsieur et Madame Tout-le-monde sur la mission Inspiration4 ou de personnages emblématiques (handicapés comme Philippe Croizon), ces projets masquent ainsi leurs aspects négatifs.

Starlink

On entend parler de Mister Musk que depuis une vingtaine d'années (comme internet). Mais la rapidité de la notoriété dans ce monde lancé à grande vitesse ouvre la porte à tous les délires. Je vous invite à (re)lire le texte Energie et équité d'Ivan Illich à propos de la vitesse.
Appolo avait déjà une motivation de prestige par rapport à l'URSS qui avait envoyé Gagarine dans l'espace. Les coûts entraient peu en ligne de compte face à toutes les retombées techniques et économiques qui en ont découlé.

Mais aussi OneWeb
OneWeb qui a commencé aussi la mise en orbite de satellites est sur le même marché.

Le problème vient du fait que quelques personnages imposent leur vision (délire) à l'humanité, Mister Musk faisant partie de cette oligarchie mondiale relayée par les médias voire les gouvernants des start-up nations !
A court terme, ce qui interroge c'est le projet Starlink déjà bien lancé. Pour preuve, la décision n° 2021-0116 de l'ARCEP attribuant une autorisation d'utilisation de fréquences à la société de notre oligarque Mister Musk qui dirige aussi SpaceX. Je vous mets le lien vers l'argumentaire #StopStarlink.

L'absence d'un organisme de régulation international montre les conséquences d'un espace abandonné à la vertueuse loi du marché... Les opérateurs privés ne subissent pas la pression d'une opinion publique qu'ont certains états (pas tous) pour modérer leurs actes.

Impacts environnementaux

1) Gaz à effet de serre d'une fusée
L'article empreinte carbone n'indique aucune valeur pour une fusée. Selon Sciences presse, un vol SpaceX émettrait 1150 tonnes de CO2, l'équivalent de 638 ans d'émission d'une voiture moyenne parcourant 15 000 km par an.
Mais avec le projet Starlink, ce sont déjà 12 missions en 2020 soit plus que la moitié de l'ensemble de tous les lancements mondiaux de 2019. On assiste systématiquement à une multiplication exponentielle des vols en dépit de l'épidémie de COVID19.
A titre de comparaison, le CO2 émis par un téléphone 4G est faible.

2)Multiplication du nombre de satellites
Starlink, c'est combien de satellites ? A fabriquer, à envoyer en orbite...
3200 à fin février 2023, 12 000 fin 2025 42 000 à terme mais peut-être moins (?) pour la directrice des opérations (sans certitude alors qu'elle fait partie du cercle fermé censé maîtriser le sujet !) Source Capital
Plus OneWeb...

3) Matériaux utilisés pour la "high tech"
Souvent les analyses n'évoquent pas le pillage de la Terre, de ressources précieuses pour la fabrication des composants de haute technologie : terres rare, Carbonate de lithium, Cobalt. Selon Ressources Naturelles Canada, les éléments des terres rares (ETR) sont utilisés dans de nombreuses applications industrielles, notamment l'électronique, l'énergie, l'aérospatial, l'automobile et la défense. Les prix de ces matières premières connaissent donc une hausse phénoménale (+150% pour le Carbonate de lithium, +51,5% Cobalt...)

Attention des citoyens détournée

Les médias relaient à grande échelle l'aspect spectaculaire et innovant de ces opérations et passent sous silence ou presque les assassinats des défenseurs de l'environnement dans le monde (227 en 2020), certaines crises humanitaires...
C'est une manière de détourner l'attention des enjeux pour lesquels les citoyens auraient un pouvoir d'action.

Digression : la vie extraterrestre, véritable Plan B ?

En supplément des interrogations sur l'IT et l'espace, voici quelques réflexions sur la possibilité d'une vie sur une autre planète, Mars par exemple.
Cette alternative concernerait combien de personnes ?

La Science au service des rêves de la Science Fiction.
Des millions d'années d'évolutions nous lient à la Planète qui nous a vu naitre, nous sommes "faits" pour évoluer dans son environnement. Par exemple, et c'est un fait que l'on occulte souvent lorsqu'on évoque une colonisation ou une terraformation de Mars, l'homme a évolué dans un environnement avec une gravité terrestre. Or, sur Mars, si on peut contrer les effets des radiations, de la température, etc...il est impossible de recréer une gravité proche de celle de la Terre, sans laquelle il y aurait de graves effets sur la santé.
Les effets délétères se manifesteraient bien avant une éventuelle adaptation, les humains ne renouvellent pas leur génération à la vitesse des mouches drosophiles.
Terraformer Mars est impossible ; c'est une vaste blague.

Alors, va-t-on aussi exporter nos pollutions sur la Lune, Mars ?

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